Dév. organisationnelDroit du travailLeadershipRémunérationSanté/sécuritéMarketing RH

Des rêves plein la tête pour la retraite?

melinda bastien
Mélinda Bastien 1 janvier 2017

Des centaines de milliers d’épargnants québécois – des millions au Canada – sont sur le point de procéder au décaissement de leur bas de laine pour assurer leur retraite. Tout comme ils ont eu plusieurs options pour épargner, savent-ils qu’ils en ont maintenant plusieurs pour décaisser?

Les récents changements apportés aux lois encadrant les régimes de retraite et l’évolution de l’industrie des régimes d’épargne permettent maintenant aux employeurs de prolonger leur offre d’accompagnement au moment de la retraite. Ils pourront dorénavant proposer aux employés des solutions collectives de décaissement.

Si ce sujet vous semble un peu aride, prenez quand même quelques minutes. C’est tout à votre avantage… car votre tour viendra!

Parlons régimes… de retraite

L’univers des régimes de retraite a connu de profonds bouleversements au cours des deux dernières décennies. Depuis les années 2000, plusieurs employeurs ont graduellement transféré aux employés leur responsabilité en matière de risques liés à la retraite, migrant d’un régime à prestations déterminées* à un régime à cotisation déterminée**. Ce faisant, les futurs retraités sont passés d’une situation où les décisions et les risques étaient gérés par leur employeur à une situation où ils doivent assumer eux-mêmes la planification de l’accumulation et du décaissement de leur épargne au moment de la retraite.

Pour mieux accompagner les employés, les employeurs ont surtout concentré leurs efforts sur les stratégies collectives d’accumulation de l’épargne. Jusqu’à tout récemment, arrivés au moment de la retraite, les participants à un régime collectif d’accumulation (régime de retraite à cotisation déterminée, REER, RPDB, CELI etc.) devaient transférer leur épargne dans le marché individuel, avec des stratégies de placement souvent moins efficaces et plus dispendieuses.

Au moment de la mise en œuvre des structures collectives d’épargne, la solution semblait idéale puisque l’employeur pouvait diminuer son risque financier tout en offrant aux employés une alternative d’épargne intéressante. On naviguait alors dans un marché où l’espérance de rendement des placements était élevée, permettant aux participants d’accumuler des sommes importantes, en plus d’avoir accès à des rentes à prix compétitifs auprès des compagnies d’assurance. (À savoir : le prix d’une rente est inversement proportionnel à l’espérance des rendements. Donc, plus les taux d’intérêt sont bas, plus la rente coûte cher!)

La réalité, à ce jour : non seulement les taux d’intérêt sont depuis un bon moment au plus bas, entraînant ainsi un coût élevé pour l’achat de rentes individuelles, mais les marchés financiers, jamais à l’abri, risquent de connaître des soubresauts au fil des ans, affectant au passage les sommes accumulées dans les régimes d’épargne. S’ajoutent à ce portrait les connaissances limitées de plusieurs épargnants et le manque d’accompagnement pour tirer le meilleur de leur épargne.

Imaginez cette scène : on aide un alpiniste à se rendre le plus haut possible, le plus vite possible, en lui fournissant le meilleur équipement (des placements sophistiqués avec des frais de gestion avantageux), des vêtements de rechange pour rester au chaud et au sec (des stratégies de placement optimales révisées en continu par des experts) et un sherpa expérimenté afin d’éviter les pièges (une saine gouvernance des placements). Une fois rendu au sommet, non sans efforts, on lui retire tout l’équipement et l’accompagnement. Notre alpiniste est laissé seul, avec son sac à dos rempli de roches, face au vent qui le repousse vers le bas, et rien pour amortir la descente.

L’image peut choquer. Mais la situation d’un épargnant laissé à lui-même n’en est pas moins vertigineuse!

Où sont les risques de forts vents?

Cinq grands risques guettent les (futurs) retraités : la longévité, l’inflation, le placement, les erreurs et le déclin cognitif.

Le « risque de mortalité » vous est peut-être plus familier que le« risque de longévité ». Avec l’espérance de vie qui a augmenté d’environ 5 années en 40 ans, le risque le plus important demeure certainement celui de survivre à ses épargnes (le risque de longévité). Saviez-vous qu’un homme encore en vie à 65 ans a 50 % de chance de vivre jusqu’à 88 ans, et 10 % de chance de vivre jusqu’à 97 ans? En tant qu’épargnant averti, il doit donc prévoir des économies suffisantes pour couvrir 32 années de retraite. Devant la complexité que représente la gestion des finances personnelles et la difficulté d’estimer le prix d’une paire d’espadrilles dans 20 ans (le risque d’inflation), comment alors prévoir le niveau d’épargne nécessaire pour vivre confortablement pendant plus de 30 ans?

Ajoutons à cela les frais de gestion des placements, souvent très élevés pour les particuliers, et les conseils financiers puisés à différentes sources (le risque de placement et le risque d’erreur). Poussons plus loin : selon le portrait actuel de l’épargne, il y a de fortes probabilités qu’un individu ait des actifs aussi importants à 80 ans qu’il en avait à 55 ans, son épargne ayant continué de fructifier dans son bas de laine pendant la période de décaissement. Toutefois, ses capacités cognitives et sa capacité à supporter le stress seront-elles les mêmes à 80 ans (le risque de déclin cognitif)?

‍Pour un atterrissage plus en douceur :le décaissement collectif

En raison de leurs multiples avantages, les régimes à prestations déterminées ont longtemps été la norme. Pour qu’un régime à cotisation déterminée livre une rente équivalente à celle d’un régime à prestations déterminées, il en coûte au participant au moins 40 % de plus. En diminuant les frais de gestion et en utilisant des stratégies de placement et de décaissement efficaces, cet écart pourrait être réduit à moins de 10 %.

Les structures collectives d’épargne, déjà en place dans plusieurs organisations, bénéficient de frais de gestion de deux à quatre fois moins élevés que ceux imposés aux particuliers par les institutions financières. De plus, les employeurs ont davantage accès à des services d’experts objectifs qui peuvent élaborer des stratégies de décaissement qui favorisent une saine gestion des risques liés à la retraite. À titre d’exemple, au Canada et aux États-Unis, le fait d’attendre le plus longtemps possible avant de demander les rentes gouvernementales — idéalement jusqu’à 70 ans — peut constituer une stratégie gagnante qui aidera les retraités à composer avec les risques de longévité, de placement et de déclin cognitif.

Comme employeur, si vous offrez aux employés une structure de placement favorisant l’accumulation d’épargne, vous avez probablement déjà une bonne partie de la solution pour mieux les accompagner à la retraite. Des frais de gestion avantageux et des conseils avisés pourront faire toute la différence dans la santé financière des retraités, souvent les plus fidèles ambassadeurs.

Un petit pas pour l’organisation, un bond de géant pour ses retraités!

Certes, les employeurs peuvent trouver avantage à diminuer leur risque financier en migrant d’un régime de retraite traditionnel à un régime d’accumulation d’épargne. On peut comprendre. Mais souhaitent-ils pour autant laisser les employés dans des situations précaires au moment de la retraite? Sûrement pas.

Si nous ne pouvons refaire l’histoire, nous pouvons au moins en tirer des leçons.

En prolongeant la structure collective d’épargne, déjà en place dans les organisations, avec une structure collective de décaissement, nous permettons, dès maintenant, à des millions de travailleurs de mieux vivre à la retraite.

Intégrons rapidement ce trait d’union entre les efforts nécessaires pour monter au sommet et les plaisirs d’en profiter. Les avantages seront nombreux, pour tous.Pensons-y… il en va du rayonnement de la marque employeur à la réalisation de nos rêves à la retraite!

______________________

*Un régime de retraite à prestations déterminées prévoit une rente de retraite dont le montant est fixé à l’avance, et ce, peu importe la performance des placements dans la caisse de retraite. Ce montant correspond généralement à un pourcentage du salaire multiplié par les années de service reconnues par le régime.

**Dans un régime à cotisation déterminée, c’est le montant de la cotisation qui est fixé à l’avance, contrairement au montant de la rente de retraite. Le montant accumulé dépendra de la stratégie de placements et du rendement des fonds accumulés dans le bas de laine de l’employé.

Partagez
melinda bastien
À propos de Mélinda Bastien
En savoir plus

Facteur H est un espace convivial de référence francophone en ressources humaines pour rester à l’affût des nouvelles tendances et trouver des solutions concrètes et applicables aux défis organisationnels d’aujourd’hui et de demain.

Contactez-nous
© Facteur H - Tous droits réservés 2024 | Conception de site web par TactikMedia
crossmenuarrow-right