En ce début d’année, j’ai envie de parler de reconnaissance, un thème que j’ai abordé tant à l’écrit qu’en atelier. Dans un monde où tout s’accélère, où les attentes se multiplient et où les relations se vivent de plus en plus à distance, j’estime que la reconnaissance est plus pertinente que jamais.
Malgré tout ce qui a déjà été dit sur le sujet, la reconnaissance demeure un enjeu crucial. Alors que les journées se succèdent à un rythme effréné, prendre le temps de reconnaître l’autre devient un choix qui devrait être fait.
Lorsque j’évoque la reconnaissance, je ne me réfère pas uniquement à celle qui met en évidence les succès, les résultats ou les victoires éclatantes. Cette reconnaissance-là est certainement importante et attendue. Toutefois, elle est aussi la plus évidente et parfois la plus facile. Celle dont je veux parler aujourd’hui est plus subtile et plus exigeante.
Je parle de la reconnaissance qui passe par une écoute réelle, celle qui ne consiste pas à préparer sa propre réponse pendant que l’autre s’exprime. Je parle également de la reconnaissance qui découle de la bienveillance, qui ne doit pas être confondue avec la complaisance, mais qui représente une posture de respect. Cette reconnaissance exige le courage de nommer les choses telles qu’elles sont, même si cela est désagréable. Elle nécessite également le courage de pardonner, d’accorder une seconde chance et de comprendre qu’un parcours est rarement linéaire.
Brené Brown, dans ses travaux sur le leadership et la vulnérabilité, confirme que reconnaître l’autre demande du courage : celui d’être présent et présente, d’écouter véritablement et de s’engager dans une relation authentique, même lorsque cela nous expose.
Reconnaître, c’est plus que d’applaudir lorsque tout va bien. C’est aussi de voir l’effort derrière la réalisation, l’intention derrière l’erreur et le chemin parcouru derrière le résultat. C’est prendre conscience que la reconnaissance n’a pas besoin d’être spectaculaire, mais qu’elle devrait être profondément ancrée dans les relations.
Il y a aussi une forme de reconnaissance qui se manifeste dans le temps. Ce temps précieux et éphémère, que l’on dit souvent manquer, mais qui, paradoxalement, révèle ce qui compte vraiment. Accorder du temps à quelqu’un, c’est lui envoyer un message clair : « Tu es important. Tu es importante ». Pas plus tard. Pas quand l’horaire le permettra. Maintenant.
Les recherches de Jacques Lecomte sur la psychologie positive démontrent que l’expression quotidienne de la reconnaissance et de la gratitude est un des leviers les plus efficaces pour le bien-être individuel et collectif.
Une reconnaissance qui n’attend aucune date, aucun événement, aucune performance particulière. Une reconnaissance qui s’exprime lorsqu’on ne l’attend pas. Pourquoi, en effet, attendre un départ, un anniversaire ou une grande réussite pour dire à quelqu’un : « Merci. », « Ta présence est précieuse. », « Ta contribution compte réellement. »?
Avons-nous récemment pris le temps de dire « Bonjour! » de manière ressentie? De demander avec cœur « Comment ça va? » et surtout d’écouter la réponse avec intérêt? D’appeler un ou une collègue plutôt que de lui écrire un courriel, de surprendre par la spontanéité d’un contact plus chaleureux et direct?
Reconnaître une personne de son entourage professionnel, ce n’est pas d’ajouter une tâche à notre liste de choses à faire, déjà surchargée. C’est plutôt de changer la qualité de notre présence. C’est ralentir suffisamment pour être vraiment là.
La reconnaissance exige une attention sincère. On ne peut pas la déléguer ni l’automatiser. Elle s’exprime dans les petits gestes, les mots bien choisis et les silences respectés. Elle se construit dans la cohérence au quotidien, bien plus que dans les grandes déclarations.
En ce début d’année, la reconnaissance n’a pas besoin d’être une « résolution » supplémentaire. Elle peut simplement devenir une manière d’aborder nos relations, tant au travail qu’ailleurs. C’est une façon de se souvenir, chaque jour, que, derrière les rôles, les titres et les échéanciers, il y a des humains qui avancent, qui doutent, qui apprennent.
Reconnaître l’autre, c’est offrir ce dont nous avons tous profondément besoin : la certitude d’avoir une valeur. Dans un monde qui va vite, c’est peut-être l’un des gestes les plus puissants et les plus nécessaires que nous puissions poser.
Passionnée par le contact avec les gens, elle conçoit, anime et diffuse des formations auprès de leaders d’entreprise depuis une vingtaine d’années.
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