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Apprendre à perdre

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Nathalie Carrier 4 octobre 2022

Dans la vie, l’un des apprentissages les plus difficiles à faire est d’apprendre à perdre. Apprendre à perdre un contrat, apprendre à échouer un examen, apprendre à perdre un match, apprendre à se tromper et à devoir recommencer. Parfois, notre moral en prend un coup à cause de plusieurs petits échecs cumulés, alors qu’à un autre moment, un seul très gros échec peut nous assommer.

Saviez-vous qu’il existe même des « fail camps » ou des camps de l’échec? Les gens s’y réunissent pour traiter de l’échec sous toutes ses coutures, pour le normaliser, pour en discuter, pour partager leurs erreurs, pour apprendre à gérer le risque et pour encourager la culture de l’échec. Si ça vous intéresse, il suffit de faire une petite recherche sur Google.  

« La vraie erreur est celle qu’on commet deux fois », m’a souvent répété mon père. Et il a raison. En revanche, certaines questions demeurent. Comment se relever à la suite d’un échec? Comment poursuivre et maintenir sa motivation quand on a perdu quelque chose qui nous tient à cœur? Comment gérer notre égo? 

J’aimerais partager avec vous les conseils d’une collègue psychologue sur les bénéfices d’apprendre à perdre et pour répondre aux questions nommées précédemment. D’ailleurs, un de ses premiers conseils est de visionner la vidéo de Guillaume Dulude, PhD qui amène un point de vue novateur sur le sujet : Une vie sans échec. Selon lui, la notion d’échec est un concept subjectif. Un échec est une décision autonome, une déclaration. J’adore son point de vue! 

 

Comment se relever à la suite d’un échec? 

D’entrée de jeu, ma collègue mentionne que l’échec est un écart entre la réalité et notre idéal. Elle ajoute que derrière chaque échec se cache un deuil. Une période de bouleversements et d’émotions est donc inévitable et normale à la suite de notre perception d’un échec. Il importe alors de nommer ce que l’on ressent, de parler de ce que l’on croit perdre et de chercher de l’aide. 

Elle nous invite aussi à nous questionner sur les besoins fondamentaux qui sont affectés par l’échec. Prendre le temps de déterminer lequel des trois besoins (compétence, relation ou autonomie, selon la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan (1991)) est atteint par notre perception d’échec. Ensuite, agir sur ce besoin pour atténuer la souffrance liée à ce besoin est une prémisse importante. Par exemple, si on détecte que l’enjeu derrière notre perception d’échec est en lien avec le besoin de compétence, il peut être important de trouver un nouveau défi, juste assez difficile, pour faire grandir notre sentiment de valorisation dans notre domaine d’expertise. Si c’est le besoin de relation qui n’est pas comblé dans la situation d’échec vécue, on peut alors tenter de partager et d’échanger nos valeurs et nos buts communs avec un groupe qui nous ressemble ou qui nous permet d’être nous-mêmes. Si c’est notre besoin d’autonomie qui a été affecté par un échec, perçu ou réel, on peut viser à obtenir un maximum d’informations ou de ressources nécessaires avant d’agir la prochaine fois, pour être plus libre de faire des choix et augmenter notre confiance en nous.

De plus, il est souvent difficile de prendre une décision si on est émotif, car nous sommes blessés, nous avons honte ou sommes en colère. Avoir l’impression d’être imparfait est encore plus difficile si on vit cet état seul. Savoir bien s’entourer est alors vital. Tout comme un deuil, lorsque l’on vit un échec ou qu’on a la perception de vivre un échec, la reconstruction avec de l’aide est la clé. Prendre le temps, aller chercher du soutien et être indulgent envers soi-même sont quelques exemples de bonnes pratiques après un échec. 

 

Comment poursuivre et maintenir sa motivation quand on a perdu quelque chose qui nous tient à cœur? 

Se réénergiser et faire le plein est une priorité. En fait, il importe d’augmenter notre sentiment de contrôle ou de puissance sur la situation. Vivre une expérience positive, trouver un milieu qui nous redonne un sentiment de pouvoir personnel ou encore s’intégrer dans un milieu qui est bénéfique pour nous et qui nous permet de renflouer nos stocks d’énergie sont de bonnes pistes à explorer. 

Il peut aussi être intéressant de consulter notre entourage pour vérifier si notre perception d’échec est valide. Prenons l’exemple de la perte d’un emploi : certains attribueront instantanément la perte d’emploi à des facteurs internes (je ne suis pas compétent, je me suis trompé, je n’avais pas toutes les connaissances ou la formation requise…) tandis que d’autres attribueront leur échec à des facteurs externes (on m’a mal intégré en poste, le patron ne m’appréciait pas à ma juste valeur, cet emploi n’était pas fait pour moi, etc.). Il peut être intéressant d’en discuter avec son entourage ou avec un conseiller pour recadrer la perception d’échec et en retirer un apprentissage. 

Ma collègue termine de répondre à cette question en faisant l’analogie suivante : « c’est un peu comme lorsque l’on participe à un examen et qu’on bloque sur une question difficile. On peut simplement passer à la suivante et y revenir plus tard! »

 

Comment gérer notre égo? 

Ma collègue mentionne que nous pouvons nous habituer à perdre et à échouer. Avec l’expérience, nous finissons par apprendre à nous détacher et à gérer notre égo. C’est un peu comme lorsque nous décidons de nous mettre à l’entraînement d’un nouveau sport : nous devons accepter l’inconfort et tolérer la douleur pour être en mesure de nous développer. Il n’y a pas de succès sans effort!  

En somme, il n’y a pas de recette magique pour apprendre à perdre. C’est un retour du balancier et la loi des petites bouchées. Pas à pas, nous pouvons apprendre à changer de posture et développer notre posture mentale. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à visionner la vidéo Croissance mentale contre mentalité fixe au sujet du développement en continu (growth mindset). Bref, nous pouvons inviter notre égo à changer de lunettes, de perspective. Nous finirons bien par apprendre la leçon!

 

Transformer le tout en apprentissage!

« La folie, c’est de répéter les mêmes erreurs et espérer des résultats différents! », disait Einstein. Pour transformer notre perception de l’échec en apprentissage, ma collègue nous invite donc à nous demander si nous sommes en train de vivre un échec ou plutôt une expérience. Sommes-nous en train de construire notre avenir, de nous développer? Sommes-nous simplement en train de vivre une nouvelle expérience? 

Je nous invite tous et toutes à nous poser ces questions quand on pensera vivre un échec.

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À propos de Nathalie Carrier

Passionnée par le contact avec les gens, elle conçoit, anime et diffuse des formations auprès de leaders d’entreprise depuis une vingtaine d’années.

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