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T’inquiètes, je gère!

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Nathalie Carrier 6 juin 2023

Je suis tombée dernièrement sur l’entrevue Le réconfort du cellulaire pour égayer les emplois d’été des jeunes de la docteure en neurosciences et chercheure Sonia Lupien. J’ai été interpelée en écoutant son discours empreint de logique, de clairvoyance et de tolérance! Je suis la maman de deux ados de 15 et 17 ans, avec qui j’ai plusieurs discussions et conversations à table au sujet de leurs emplois d’été à venir. Je ne peux m’empêcher de constater à quel point leur réalité n’est pas la même que celle que j’ai connue à l’adolescence. 

 

LES CONSTATS DE NATHALIE, UNE CONSULTANTE À L’AUBE DE LA CINQUANTAINE ET MÈRE DE GÉNÉRATION Z.

 

Ce qui motive les milléniaux et les Z à travailler :

Les sources de motivation externes (compensation, sécurité, reconnaissance et soutien) et internes (travail d’équipe, réalisation, développement, autonomie, utilité et bien évidemment le plaisir) semblent être très différentes entre les générations plus jeunes (la fin des milléniaux nés entre 1982-1999 et les Z nés entre 2000 et 2012) et les générations X (1961-1981). Et que dire de leurs grands-parents, les Boomers (1946-1964)?! Quand je parle avec les jeunes qui m’entourent, ils me confient que leurs plus grandes motivations à travailler sont le salaire (pour pouvoir consommer), les collègues, les relations sociales et, plus que tout, le fun!

 

L’avenir? Pourquoi pas le présent?

L’importance de l’immédiateté et la haine de la routine sont aussi des traits marquants chez nos jeunes milléniaux et Z. Je peux vous confirmer que cette génération a beaucoup de difficulté à se projeter dans l’avenir et tolère mal la routine. Sonia Lupien explique que la grande quantité de stimulations qui enveloppe nos jeunes peut expliquer une partie de cet état de fait. Selon moi, ils n’ont pas appris à s’ennuyer, à se contenter de peu et à persévérer pour atteindre un objectif; ils ont tellement d’options que c’est déroutant et désorientant! La question qui s’impose ici est de savoir pourquoi nos jeunes ressentent autant d’anxiété s’ils sont tant dans le moment présent? En fait, ils semblent vivre deux extrêmes : d’un côté le lâcher prise complet, de l’autre l’anxiété de performance ou la peur de l’avenir… La situation économique actuelle n’est pas à négliger, car elle a un impact direct sur les jeunes et leurs exigences. Comme en témoigne un article : Le Devoir : les prix des aliments ont augmenté de 11 % au Québec, en 2022. C’est peut-être pour ça qu’ils demandent des salaires plus élevés! 

 

La conciliation travail, amis et loisirs…

Nicholas, mon plus jeune de 15 ans, du haut de ses 6 pieds, avec sa barbe naissante, cherche actuellement son premier emploi. À mon grand désarroi, ses critères sont particulièrement intenses : il veut un travail qui ne nuira pas à l’horaire de son camp de basket du matin pendant 4 semaines, ses pratiques 3 soirs par semaine, ses matchs les samedis soir et ses possibles tournois à venir. Il souhaite également avoir du temps avec ses amis, venir en vacances avec nous au chalet, et ne pas travailler plus de 15 heures par semaine. Mais il veut faire de l’argent! Le type d’emploi lui importe peu, mais il ne veut pas travailler avec des enfants. Est-ce qu’il a de l’expérience? Non. « Pas besoin, maman, on est en pénurie de main-d’œuvre! Mes amis se présentent n’importe où et ils se font embaucher »! Rien de moins! C’est de lui qu’est inspiré le titre de cet article : T’inquiètes, je gère! Vous voulez l’embaucher? Vous pouvez le joindre sur Instagram, car il ne lit pas vraiment ses courriels et son téléphone est toujours sur vibration pour ne pas le déconcentrer pendant qu’il perfectionne ses « dunks » au parc! Dieu merci, certains employeurs l’ont compris et offrent de plus en plus des horaires allégés qui respectent les agendas de premier ministre de nos adolescents!

 

La hiérarquoi?

T’es qui, toi? C’est un peu l’effet ressenti par certains d’entre vous, chers employeurs ou responsables RH, face à nos milléniaux? Ce court extrait humoristique partagé dans La Presse en juin 2022 le démontre bien : Et si les jeunes avaient raison? Peut-être qu’ils travaillent différemment, voire mieux? 

 

LES CONSEILS D’EUGÉNIE, UNE JEUNE CONSULTANTE DE 27 ANS, SANS ENFANT.

Mes réflexions, partagées avec ma collègue Nathalie, m’ont amenée à déposer ici certains conseils pour aider les représentants des ressources humaines à mieux collaborer avec les milléniaux.

 

Un environnement sain et agréable

Je ne le dirai jamais assez : l’environnement de travail sain, agréable et collaboratif est primordial. Finie, la souffrance au travail. Les jeunes sont de plus en plus anxieux, surtout depuis la pandémie. Si le milieu en ajoute une couche, les jeunes ne resteront tout simplement pas. La clé? S’assurer d’être à l’écoute des besoins et intérêts de ses gens et les utiliser comme leviers pour les mobiliser. Impliquez-les et consultez-les! Le sentiment d’appartenance dans un milieu donne un sens à ce que nous entreprenons. Ça donne le goût d’aider et de collaborer. Des activités pour décrocher du quotidien, ça fait du bien à tout le monde, pas juste aux jeunes!

 

Donnez-nous de l’autonomie! 

Ma génération veut se développer et veut se sentir utile. Fini, les temps de la microgestion! On aime développer notre autonomie et se rendre utile. Cela vient avec le développement de son sentiment d’efficacité personnel, qui se définit par la croyance qu’on possède les aptitudes pour faire son travail. Évidemment, nos gestionnaires jouent un rôle clé dans notre responsabilisation et dans le soutien qu’ils nous offrent. La clé est d’offrir du soutien lorsqu’on en ressent le besoin, sans faire le travail pour nous. Nous poser les bonnes questions ouvertes, afin de déclencher un processus de réflexion. Il est important de déléguer en accordant sa confiance tout en responsabilisant la personne quant à l’atteinte des objectifs liés au travail confié et en lui accordant de la latitude dans la façon de le réaliser. Développer les gestionnaires en ce sens est alors important. De plus, qui dit autonomie dit aussi agilité. Nous allons livrer, mais à notre manière. Soyez agiles face aux horaires (lorsque possible) et au télétravail. Il faut bien retirer quelque chose de positif de cette pandémie!

 

Voir l’utilisation de la technologie en mode solution 

Pour la première fois, dans l’entrevue Ohdio de Sonia Lupien avec Pénélope, une explication logique et scientifique a pu rendre rationnelle à mes yeux la relation qu’entretiennent les ados avec leur cellulaire, l’extension de leur corps! C’est vrai qu’on est tous collés là-dessus. En revanche, il serait à l’avantage des entreprises de laisser les employés utiliser la techno à bon escient, pour de bonnes raisons. L’autre fils de Nathalie, Maxime, qui utilise son cellulaire comme moniteur de camp de jour, en est un bon exemple. Effectivement, Maxime a commencé à se servir de son « extension » comme traducteur! Maxime avait plusieurs jeunes provenant de l’Ukraine et de Russie dans ses groupes l’été dernier. Des jeunes d’âge préscolaire qui ne parlaient ni le français ni l’anglais. Son outil l’a sauvé et lui a permis de faciliter ses interactions. Comme quoi on peut aussi se servir intelligemment de ce petit outil rendu vital pour plusieurs d’entre nous! De ce fait même, l’utilisation de la technologie au travail est un élément qui peut rendre un emploi plus intéressant pour les jeunes. De toute façon, qui veut travailler avec des ordinateurs ou des outils technologiques archaïques et inefficaces? Pas moi!

 

Offrir des plans de développement et de carrière à court terme pour augmenter la rétention et la fidélisation des milléniaux

Tel que mentionné précédemment, on veut avoir des occasions de se développer et d’augmenter son sentiment d’efficacité personnel. Dans un environnement où l’on plafonne, la stimulation et l’engagement diminuent rapidement. On veut sentir que l’organisation investit et croit en nous. En plus, c’est une forme de reconnaissance. Rien de mieux que d’avoir des conversations de carrière avec les jeunes recrues. Comme on entend souvent, « What’s in it for me? ». De là l’importance de mettre en place un plan de développement avec des attentes mutuelles claires où les besoins de chacun ne restent pas des non-dits.

 

S’assurer que l’expérience employé soit positive durant toute la période de recrutement et d’intégration en poste.

On saute vite aux conclusions… Si on a l’impression qu’un environnement de travail n’est pas propice à l’épanouissement, on va passer à la prochaine entrevue. Il est important de comprendre que le marché de l’emploi a changé et qu’on ressent directement l’impact de la pénurie de main-d’œuvre et de la compétition du marché. En entrevue, il n’y a rien de pire que de sentir qu’on serait remplaçable. Ou d’avoir l’impression qu’il s’agit plus d’un interrogatoire que d’une conversation pour apprendre à nous connaitre. En tant que représentants RH, vos questions d’entrevue demeurent importantes, mais vous devez surtout adopter une posture d’écoute active et être prêts à répondre à des questions.

 

CE QUI NOUS RALLIE, PEU IMPORTE L’ÂGE!

La confiance, le respect, la sécurité, l’appartenance, le désir de se développer, la latitude et la reconnaissance : voilà ce qui rallie les générations au travail. Alors, pourquoi ne pas miser sur ces points pour mieux travailler ensemble? Chaque génération vit ses défis. Il suffit de les comprendre et de s’y adapter.

Sur ce, bon été!

 

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À propos d'Eugénie Deslandes, M. Sc., c. o. o.

Conseillère d’orientation organisationnelle cumulant plus de 2 ans d’expérience en ressources humaines, Eugénie Deslandes a travaillé en recrutement et recherche de talents, en intégration de nouveaux employés, en gestion de changement et au service à la clientèle B2B. Son expérience lui a permis d’aiguiser ses techniques de gestion de crise et d’offrir le meilleur service possible aux clients. L’ensemble de ses expériences lui permet de comprendre les différents enjeux contemporains auxquels font face les équipes des ressources humaines et d’entreprendre des moyens créatifs pour mieux répondre à leurs besoins. Eugénie est reconnue comme une personne innovatrice face aux problématiques, engagée envers la satisfaction des clients, dotée d’une écoute empathique dans son approche-conseil, faisant preuve de leadership et dotée un bon esprit d’équipe.

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À propos de Nathalie Carrier

Passionnée par le contact avec les gens, elle conçoit, anime et diffuse des formations auprès de leaders d’entreprise depuis une vingtaine d’années.

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