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Pour arrêter d'avoir peur des erreurs de communication

Fabienne Marier Boostalab (1)
Fabienne Marier 2 septembre 2025

Nous avons toutes et tous déjà commis une maladresse en communiquant : un courriel trop sec, une rétroaction mal transmise, une annonce de changement qui déstabilise… Pourtant, la communication imparfaite n’est pas une faute. Elle peut être le départ d’un dialogue plus vrai, plus humain. Et surtout, dans un cadre organisationnel, elle est un levier essentiel pour nourrir la sécurité psychologique et réduire les risques psychosociaux (RPS).

La peur de « mal faire » pousse souvent les gens à se taire. Or, dans un contexte professionnel, ce silence peut être plus dommageable qu’une intervention malhabile, mais empreinte de bienveillance et de responsabilité. Le rôle des professionnels et professionnelles en RH consiste donc à outiller les gestionnaires pour communiquer avec clarté, en tenant compte des sensibilités de leurs interlocuteurs et interlocutrices.

Conversations sensibles : un potentiel relationnel sous-estimé

Recadrage, gestion de sous-performance, annonce de changement organisationnel : ces situations de communication sont trop souvent perçues comme un terrain miné. Elles sont donc repoussées, minimisées ou mal préparées. Pourtant, bien traitées, elles deviennent de puissantes occasions d’évoluer.

Aborder ces sujets sans crainte passe par une posture sans ambiguïté : écoute active, reconnaissance des émotions, transparence sur les faits et responsabilisation. La peur du conflit peut être dépassée si l’on dispose d’un cadre de communication sécurisant et si l’on s’accorde le droit à l’ajustement. Il est temps d’oser ces conversations, non pas en aspirant à la perfection, mais en misant sur la clarté, l’intention et la qualité de la relation. Mieux vaut une parole sincère qu’un silence pesant.

Adapter sa communication : une question de responsabilité

Trop souvent, nous communiquons selon notre propre style, sans tenir compte de celui des autres. Or, les styles de communication varient : certaines personnes ont besoin de faits et de précision, d’autres valorisent l’humain, le lien ou l’impact global. Adapter son message au style de la personne à qui l’on s’adresse, c’est à la fois une marque de respect, une preuve d’intelligence relationnelle et un gage d’efficacité.

Les RH ont donc tout intérêt à intégrer cette grille d’analyse dans leurs formations et leurs accompagnements : il s’agit d’aider les gestionnaires à lire les signaux de communication, à poser des questions sur les préférences et à ajuster leur façon de transmettre les messages. De fait, c’est cette capacité d’adaptation qui change tout : elle devient un superpouvoir relationnel, un réflexe structurant qui décuple la qualité des échanges, qu’ils soient sensibles ou quotidiens. Mieux encore, c’est la compétence qui ouvre la voie à toutes les autres : rétroaction, leadership, gestion du changement… tout devient plus fluide quand on communique en s’ajustant à l’autre.

La rétroaction : outil de clarté et de développement

Admettons-le, donner une rétroaction n’est jamais anodin. Cependant, c’est souvent là que tout se joue : la clarté des attentes, la reconnaissance, la progression. Lorsque nous adaptons notre style de communication en fonction de la personne en face de nous, ce moment devient moins stressant, plus utile et franchement plus humain. Une rétroaction bien pensée et bien formulée peut même renforcer le lien de confiance. C’est ainsi que commence le vrai leadership relationnel.

Les données de Gallup montrent que les membres d’une équipe qui reçoivent de la rétroaction constructive de façon régulière sont 3,6 fois plus engagés que les autres¹. Ce type de rétroaction favorise un climat où l’on peut s’exprimer, se remettre en question, et avancer, sans peur.

Transparence et cohérence : boussoles de la sécurité psychologique

La communication ne se résume pas à ce qu’on dit. Elle englobe aussi ce qu’on ne dit pas, ce qu’on laisse entendre et, surtout, l’alignement entre les paroles et les actions. La transparence organisationnelle – lorsqu’elle est dosée, sincère et cohérente – devient un point de repère rassurant. Elle permet aux équipes de mieux comprendre les décisions, de s’adapter aux changements et d’exprimer sans crainte leurs questions ou leurs réticences.

Les organisations perçues comme étant transparentes sont 12 fois plus susceptibles d’être jugées saines psychologiquement². Peut-on dire cela de la vôtre?

Erreurs de communication : facteur de vulnérabilité ou occasion d’ajustement?

Aucune communication n’est parfaite. Et c’est tant mieux. C’est la façon dont on gère les maladresses qui crée la confiance. Les erreurs, quand elles sont reconnues et corrigées, deviennent des occasions de croissance collective.

Adopter cette perspective permet aux équipes de s’exprimer plus librement, d’aborder les sujets délicats dès leur apparition, sans laisser les non-dits miner les relations. Cela donne un sens aux dynamiques humaines qui sont inhérentes à toutes les organisations et de considérer la communication comme un outil préventif efficace contre les risques psychosociaux (RPS)³.

Et si, au fond, la plus grande preuve de maturité organisationnelle résidait dans notre capacité à reconnaître qu’on ne maîtrise jamais totalement la communication… mais qu’on choisit quand même de la travailler, ensemble?

Gallup. (2022). State of the Global Workplace.
Great Place to Work. (2024). Employee well-being.
INRS. (2025) Risques psychosociaux. 9 conseils pour agir au quotidien.

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