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Pénurie de main-d'œuvre : rien de nouveau sous le soleil

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Sandrine Théard 2 avril 2024

La Chambre de commerce de Montréal métropolitain a récemment organisé son premier colloque stratégique intitulé « Les solutions face aux défis de la main-d'œuvre ». Ce forum a couvert un large éventail de sujets, allant du développement des compétences à la culture organisationnelle, enrichi par une profusion de données démographiques et une analyse approfondie du paysage générationnel.

Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec, et Mia Homsy, vice-présidente en charge de la main-d’œuvre et de l’intelligence économique chez Investissement Québec, ont partagé une vision claire : la pénurie de travailleurs se prolongera jusqu'en 2030, malgré un certain répit dans certains secteurs dû au ralentissement économique actuel. Plusieurs entreprises se voient contraintes d'abandonner des postes vacants, n'arrivant pas à trouver les candidats adéquats, tandis que l'intégration d'immigrants temporaires a fourni un soulagement momentané, notamment dans les industries manufacturières et de restauration. Cette situation, bien que temporairement atténuée, ne masque pas les défis démographiques profonds qui continuent de poser une épine dans le pied des entreprises. Ainsi, la bataille pour attirer et retenir des talents promet de rester une préoccupation majeure, avec des répercussions notables sur les structures salariales, lesquelles resteront sous pression indépendamment des tendances inflationnistes ou de toute tentative de régulation économique. Il n'existe donc pas de solution unique et définitive, mais nous pouvons intervenir sur plusieurs fronts :

  • Booster la productivité par la digitalisation
  • Renforcer la gestion des ressources humaines, la gestion du changement et la formation
  • Prévoir les mouvements internes, les départs en retraite et le recrutement international
  • S'inspirer des pratiques de d'autres métropoles nord-américaines, qui ont progressé plus rapidement en matière de capital humain, notamment en termes de formation spécialisée et de niveaux de diplômes

Une excellente nouvelle dans tout ça : Montréal est en tête des classements en termes de qualité de vie, ce qui constitue un atout majeur pour attirer les talents.

D'après les données les plus récentes, les milléniaux surpassent désormais en nombre les baby-boomers, cette génération qui a marqué l'histoire par son ampleur pendant 65 ans. Cette tendance ne s'explique pas uniquement par une mortalité accrue parmi les baby-boomers mais s'ancre davantage dans le fait que l'immigration est majoritairement composée de jeunes adultes.

Jean-Marc Léger, à la tête de la firme de recherche Marketing Léger, et Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal, nous ont offert un aperçu détaillé de ce nouveau paysage générationnel. En mettant de côté les clichés habituellement associés aux différentes tranches d'âge (je me serais volontiers retirée si tel n'était pas le cas), ils ont dévoilé avec perspicacité les conclusions de leurs enquêtes, mettant en lumière trois axes majeurs de succès : le Fun, le Fric, la Foi.

  • Le Fun 
    l'épanouissement personnel prend le dessus. La quête de sens au sein de notre activité professionnelle prime, réfutant l'idée de vivre uniquement pour le travail. Les enquêtes révèlent une appréhension croissante quant à la perte d'emploi, une inquiétude qui s'est intensifiée au cours des trois dernières années. Les statistiques sont alarmantes : 21% des jeunes ont été confrontés à une dépression majeure, 48% à des épisodes dépressifs légers et 78% ont éprouvé de l'anxiété. Cette vague de mal-être coïncide avec l'essor des médias sociaux autour de 2010, époque marquée par une hausse des troubles dépressifs. La comparaison constante de notre vie à celle, idéalisée, des autres sur ces plateformes a érodé le bien-être personnel. Ainsi, le milieu professionnel devient un sanctuaire où la recherche du bonheur est fondamentale
  • Le Fric
    Historiquement, au Québec, la relation à l'argent était complexe, voire taboue, percevoir de l'argent comme un objectif étant considéré comme peu vertueux. Ce paradigme a évolué ; aujourd'hui, discuter d'argent est devenu plus acceptable, et pour 75% de la population, la prospérité financière est un but légitime. Face aux défis contemporains tels que l'accès à la propriété et l'inflation, la richesse prend une importance capitale.
  • La Foi
    La nouvelle génération se définit par son inclusivité, se désignant sous le terme de « Génération Nous ». Les valeurs telles que le respect de l'environnement, l'inclusion sociale et la diversité culturelle dominent leur discours. Cette génération se distingue également par un fort esprit d'entrepreneuriat.


Selon Florian Pradon, qui a conclu l'événement en abordant les stratégies pour surmonter les obstacles au recrutement et à la fidélisation des talents, la clé réside dans la flexibilité. Cela inclut l'adoption de la semaine de quatre jours, la valorisation du télétravail et des modèles hybrides, ainsi que l'engagement envers la diversité sous toutes ses formes et l'équité salariale.

Pour lui, ces 4 clés sont primordiales :

  • la flexibilité et adaptabilité
  • prendre en considération la santé de nos employé.es (physique et psychologique)
  • encourager la mixité pour innover
  • adapter nos façons de faire au contexte, aux personnes...

 

Ma conclusion ? 

Remettre en question l'utilité de telles conférences n'est pas mon intention. Cependant, bien qu’il y ait eu des propos intéressants et très pertinents,  je dirais…  rien de nouveau sous le soleil. 

Des rappels, des messages de « passer à l’acte »…  

On entend que l’on « entre » dans une période charnière depuis des années - (refrain que j'entends depuis longtemps, que ce soit à propos de l’informatisation dans les années 90, le passage à un nouveau millénaire, l'avènement du web, l'essor du « big data », et plus récemment, le domaine de l'intelligence artificielle).

Plus ça change, plus c’est pareil. 

On ne cesse de dire de remettre « l’humain » au centre de nos pratiques, et pourtant, jamais auparavant n'avions-nous été témoins d'une telle recrudescence de cas de dépression, d'anxiété et de stress.

Alors peut-être que oui, en effet, il faudrait que l’on agisse. Mais qu’on le fasse tout de suite, là, maintenant. 

Si cet événement a réussi à convaincre UNE personne d’agir, alors oui c’est encore pertinent. 

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À propos de Sandrine Théard

Sandrine est formatrice sur les techniques de sourcing et nouvelles technologies appliquées au recrutement, consultante en recrutement pour les grandes entreprises, les PME et  les OBNL. Elle est blogueuse et organisatrice de #trumontreal, « non » conférence sur le recrutement à Montréal (10e  édition en 2022).

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