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Un bouclier nommé reconnaissance

Fabienne Marier Boostalab (1)
Fabienne Marier 3 juin 2025

Trop souvent sous-estimée, la reconnaissance en milieu de travail n’est pas un simple « plus ». C’est un levier essentiel pour la santé des personnes… et celle des équipes.

Pourtant, dans bien des organisations, cette pratique précieuse se limite encore à quelques rituels formels ou à une politique bien intentionnée, mais peu vivante. Résultat? De nombreuses personnes ont l’impression que leurs efforts passent inaperçus. Qu’un bon coup est vite oublié… tandis que les erreurs, elles, laissent des traces.

Alors que les risques psychosociaux (RPS) prennent de plus en plus de place dans les conversations sur la santé organisationnelle – et avec raison – il est temps de revoir en profondeur les pratiques de reconnaissance au travail. Mais pas n’importe comment. Pour être réellement efficaces, elles doivent être authentiques, fréquentes et adaptées.

Une pratique à revaloriser dans un contexte de risques psychosociaux accrus

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le manque de reconnaissance figure parmi les six principaux facteurs de risque psychosociaux, aux côtés de la charge de travail, de l’autonomie, du soutien social, des exigences émotionnelles et des relations de travail. Lorsqu’il est ignoré, ce besoin fondamental peut mener à la démobilisation, à la détresse psychologique, à l’épuisement et même à des absences prolongées¹.

À l’inverse, des pratiques de reconnaissance bien ancrées jouent un rôle protecteur : elles nourrissent le sentiment d’utilité, renforcent la motivation intrinsèque et solidifient les liens au sein de l’équipe. Elles contribuent également à une meilleure résilience face aux défis et au stress du quotidien professionnel.

En d’autres mots, la reconnaissance n’est pas un luxe émotionnel — c’est un ingrédient clé du bien-être organisationnel.

Revoir vos pratiques : un besoin stratégique pour aujourd’hui

Il est temps de dépasser les gestes symboliques. Une carte d’anniversaire ou un tableau d’honneur annuel, aussi sympathiques soient-ils, ne suffisent pas à soutenir la santé des équipes au quotidien.

Repenser vos pratiques de reconnaissance commence par quelques questions stratégiques :

  • Qui reçoit de la reconnaissance dans votre organisation… et pour quels types de contributions?
  • Valorise-t-on uniquement les résultats visibles ou aussi les efforts, la collaboration, l’amélioration continue?
  • Comment la reconnaissance s’exprime-t-elle entre collègues?
  • Avez-vous récemment pris le temps d’évaluer l’effet réel de vos pratiques actuelles?

Créer les conditions d’une reconnaissance vivante, ancrée et alignée sur les besoins réels des équipes, c’est un levier puissant pour renforcer la santé organisationnelle et éviter que la reconnaissance devienne un simple geste symbolique, mais peu significatif.

Adapter la reconnaissance aux préférences individuelles

Un facteur trop souvent négligé? La personnalisation. Il n’y a pas de recette universelle en matière de reconnaissance.

Ce qui touche une personne peut en mettre une autre mal à l’aise. Pour une, être reconnue publiquement est une source de fierté. Pour une autre, c’est plutôt un cauchemar. Certaines préfèrent un mot écrit, un retour constructif, un geste attentionné… ou encore un moment de qualité avec leur gestionnaire. C’est là que les approches standardisées atteignent leur limite.

Des recherches de l’Université de Californie ont montré que la reconnaissance n’est perçue comme significative que lorsqu’elle correspond à la personnalité et aux attentes de la personne qui la reçoit².

Prendre le temps de mieux connaître les préférences de chaque membre de l’équipe est une clé souvent oubliée. Un bon point de départ? Poser la question lors des rencontres individuelles :
« Qu’est-ce qui te fait sentir reconnu·e au travail? »
« Quelles formes de reconnaissance te parlent le plus? »

Cette démarche permet de sortir du réflexe « copier-coller » pour bâtir une culture où chaque personne se sent vue, entendue et valorisée à sa juste mesure.

Reconnaissance et culture d’équipe : un outil de mobilisation puissant

Dans un contexte de travail marqué par l’hybridité, la pénurie de main-d’œuvre ou les transformations organisationnelles, il devient essentiel de miser sur des leviers simples, humains et à fort impact. La reconnaissance en fait clairement partie.

Selon le rapport 2023 de Gallup sur l’état du milieu de travail mondial, les personnes qui se sentent régulièrement reconnues sont deux fois plus susceptibles de déclarer s’épanouir au travail³.

Et ce n’est pas uniquement une question de motivation. La reconnaissance favorise aussi la rétention, la cohésion, la confiance entre collègues et le sentiment d’appartenance. Autant de composantes essentielles à la santé et à la performance d’une équipe.

Quelques pistes concrètes pour dynamiser vos pratiques

Mettre en place une culture de reconnaissance ne demande pas de révolution. Cependant, ça demande de la constance. Voici quelques pratiques à mettre en place (ou à revisiter) :

  • Encourager la reconnaissance entre pairs. Créez un canal Slack ou Teams pour partager les bons coups du quotidien.
  • Former les gestionnaires. Offrez-leur des outils pour intégrer la reconnaissance dans leur style de gestion.
  • Valoriser les comportements, pas juste les résultats. Soulignez l’écoute, l’entraide, la créativité, la capacité à désamorcer un conflit.
  • Documenter ce qui fonctionne. Intégrez des exemples dans votre politique RH ou votre plan de développement organisationnel.

Et surtout : faites de la reconnaissance une habitude, pas une initiative ponctuelle.

Un pilier à intégrer à votre stratégie RH

La reconnaissance est bien plus qu’un outil de valorisation individuelle. C’est une clé de voûte pour la prévention des risques psychosociaux, la création de milieux de travail sains, et la consolidation d’une culture organisationnelle humaine et durable.

Favoriser des pratiques de reconnaissance authentiques, personnalisées et bien ancrées dans le quotidien, c’est faire le choix de la santé organisationnelle. Et contribuer, concrètement, à bâtir des équipes solides, mobilisées et prêtes à grandir ensemble.

  1. Institut national de santé publique du Québec. Risques psychosociaux au travail (RPS). INSPQ.
  2. Jo, H., & Shin, D. (2025). The impact of recognition, fairness, and leadership on employee outcomes: A large-scale multi-group analysis. PLOS One.
  3. Gallup. (2023). State of the global workplace report. Gallup. 
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Fabienne Marier Boostalab (1)
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