Toutes les entreprises industrielles sont confrontées, tôt ou tard, à cette question aussi simple que préoccupante : « Qui connaît vraiment le fonctionnement de cette machine? ». Souvent, la réponse repose sur l’expérience et les connaissances d’un collaborateur clé, susceptible de tomber malade, de prendre sa retraite ou de changer de poste dans l’entreprise.
Attendre qu’un tel événement se produise pour réaliser que personne d’autre ne maîtrise l’équipement peut être critique pour une entreprise. Il convient donc d’anticiper et de préserver ces précieuses compétences. C’est un choix stratégique qui concerne directement les ressources humaines.
C’est dans cette optique que la méthodologie « Comment ça marche? » (CCM) a vu le jour. Elle vise à rendre explicite, partageable et durable le savoir-faire technique des équipes.
1) Rendre le savoir-faire technique accessible et partageable
Le premier objectif de « Comment ça marche? » est de clarifier le fonctionnement des équipements, en l’expliquant étape par étape (ou fonction par fonction). Trop souvent, la connaissance technique est tacite, transmise oralement et réservée à une poignée d’experts (en maintenance, en procédés, en ingénierie, etc.). Le CCM vise au contraire à vulgariser la compréhension détaillée d’un équipement, afin que celui-ci soit accessible au plus grand nombre : opérateurs, techniciens, nouveaux arrivants ou gestionnaires de première ligne.
Cette approche établit une base de savoirs partagés, accessibles à tous et immédiatement applicables sur le terrain. Pour les ressources humaines, il s’agit d’un levier clé pour garantir les compétences essentielles, limiter la dépendance envers les individus et encourager une culture du partage. Le CCM se transforme ainsi en un outil de transmission intergénérationnelle, particulièrement utile dans un contexte de roulement du personnel ou de pénurie de compétences spécialisées.
2) Des gains opérationnels au service de la performance collective
Outre la transmission des connaissances, les bénéfices opérationnels sont multiples. Le CCM sert de ressource éducative pour tout nouvel employé, simplifiant et accélérant son intégration, ce qui est particulièrement utile pour les formateurs internes.
En partageant une compréhension commune du fonctionnement des équipements (un standard ou une référence), le CCM permet aux équipes de production, de maintenance et de qualité de travailler de manière plus efficace et coopérative lors de la résolution de problèmes. Cette meilleure compréhension collective contribue à accroître la fiabilité des équipements, ce qui se répercute directement sur la performance, la sécurité et la qualité.
3) Une approche structurée et collaborative
La puissance de cette démarche réside dans une méthodologie bien définie, divisée en cinq étapes clés, qui transforment une expertise individuelle en un savoir collectif formel. Chaque étape vise à analyser, représenter, expliquer et valider le fonctionnement des équipements en compagnie des opérateurs eux-mêmes.
Cette approche collaborative est fondamentale pour assurer le succès de la démarche. Elle valorise les connaissances pratiques, stimule l’implication des équipes et confère un sens à la transmission. C’est également un moyen concret de reconnaître l’expertise interne et de renforcer l’attrait des métiers techniques, souvent perçus comme complexes ou peu explicables.
4) La numérisation, catalyseur de la transmission des savoirs
La numérisation de la méthodologie « Comment ça marche? » représente une véritable révolution. En effet, transformer des instructions et des schémas imprimés en supports numériques accessibles par un code QR, directement sur les équipements, permet de rendre l’information disponible au moment et à l’endroit opportuns.
Ce procédé favorise le transfert de connaissances, simplifie les mises à jour et rend possible la mutualisation d’équipements semblables, que ce soit à l’échelle d’un site ou d’un groupe. De plus, ces ressources numériques s’intègrent facilement dans les parcours de formation, ce qui correspond aux attentes des jeunes générations, familières avec des outils pratiques, interactifs et dynamiques.
Conclusion
Utiliser la méthodologie « Comment ça marche » pour concevoir des ressources éducatives permet de concrétiser et de pérenniser le savoir-faire de l’entreprise. La transmission s’effectue sur le terrain, dans une logique de partage mutuellement bénéfique.
La numérisation des supports, intégrée aux parcours de formation, facilite l’acquisition de compétences par les nouveaux arrivants. Elle permet aussi aux équipes d’avoir accès à des outils pratiques, réutilisables et évolutifs.
Grâce au code QR et aux principes de l’industrie 4.0, le savoir-faire est disponible instantanément, à proximité des équipements. C’est un atout majeur pour les ressources humaines, au carrefour de la performance, de l’engagement et de la pérennité des compétences.
