Perception du changement : le pouvoir de la majorité silencieuse

Richard Rioux
Richard Rioux 22 Décembre 2025

Dans notre article de décembre 2025, nous proposions de faire une cartographie de vos parties prenantes afin de mieux connaître vos publics cibles. De fait, c’est à partir de cette évaluation de la perception du changement (positive, négative ou neutre) des personnes et de leur niveau d’implication dans l’adoption du changement (élevé, moyen ou faible) qu’il est possible de brosser un portrait des différentes postures face au changement. Ces postures peuvent être regroupées en trois catégories principales : les réfractaires, les partisans et les passifs. En comprenant mieux ces groupes, il est possible d’adapter sa communication pour mieux soutenir le changement.

Les réfractaires et les partisans

Les personnes qui ont une perception négative sont considérées comme étant réfractaires au changement. Au sein de ce groupe, le degré d’implication dans le processus de changement permet de distinguer deux profils. Un niveau d’implication élevé correspond à une personne récalcitrante tandis qu’un niveau d’implication faible se rapporte à une personne opposée au changement. Cette distinction est cruciale pour identifier les individus qui auront un plus grand impact dans la gestion du changement, puisque les personnes récalcitrantes ont tendance à s’exprimer plus fortement que celles qui sont simplement opposées.

À l’opposé du spectre, les individus qui ont une perception positive sont des partisans du changement. Si leur engagement est élevé, on les considère comme des défenseurs du changement. Cependant, ceux qui ne sont pas très impliqués dans le changement sont qualifiés de désintéressés, car le changement en cours ne les intéresse pas ou ne les touche pas.

Les deux extrémités du continuum représentent environ 40 % de toutes les parties prenantes, avec 20 % de personnes réticentes et 20 % de partisans. Mais que dire de cette autre moitié, ce groupe crucial souvent appelé « la majorité silencieuse »? Cette masse critique se compose principalement de personnes indifférentes au changement, dont l’engagement est relativement faible. Ces individus sont généralement indifférents au changement, avec un engagement relativement faible. Même si leurs inquiétudes n’ont pas de répercussions significatives sur la mise en œuvre du changement, leur perception peut être influencée par d’autres personnes. Ainsi, lorsqu’elles sont exposées à des individus réticents, elles peuvent évoluer vers une vision négative du changement, passant d’une attitude neutre à une position critique ou réfractaire à son égard.

La règle des 80/20

Nous l’avons déjà mentionné, 20 % de nos parties prenantes sont réfractaires au changement. Cependant, elles occupent 80 % de notre temps et de nos actions. Pour les amener à embrasser le changement, nous faisons tout notre possible pour que nos messages les touchent et que nos actions soient bénéfiques. En leur accordant une place aussi importante, nous accordons peu d’importance à ceux qui sont en faveur et nous négligeons la majorité silencieuse.

En tant que promoteurs et promotrices du changement, nous avons tout avantage à ce que les personnes passives soient en contact avec nos partisans, afin qu’elles développent une perception plus positive du changement. Ces contacts positifs leur permettront ensuite d’agir comme des relais en faveur du changement. Cette posture favorise l’engagement envers le changement et crée de nouveaux alliés qui peuvent diffuser un message positif à propos du changement. De cette façon, on peut accroître le nombre de personnes qui ont une bonne opinion du changement sans fournir plus d’efforts.

Qu’en est-il des partisans? Si vous accordez l’attention qui leur revient à vos supporters, vous pourrez bénéficier d’un appui additionnel dans la réalisation du changement. Ces personnes, qui ont une perception positive du changement et qui s’impliquent beaucoup, sont les meilleures pour comprendre les préoccupations des réfractaires. De plus, elles sont bien placées pour trouver les meilleurs arguments. Elles ont sans doute déjà fait les mêmes réflexions ou ressenti les mêmes inquiétudes que ces personnes. Outre la diffusion de vos messages clés, vous pourriez envisager de solliciter leur aide pour la révision ou la rédaction de vos messages. Leur perception et surtout leur compréhension différentes des enjeux représentent une aide précieuse dans ce contexte.

Conclusion

Pour donner plus d’importance aux autres groupes et atténuer l’impact des réfractaires dans l’analyse des parties prenantes, voici deux questions qui peuvent vous aider à y réfléchir :

  • Quels seraient les impacts les plus significatifs si les personnes réfractaires ne se joignaient pas au processus de changement?
  • Suis-je la personne appropriée pour essayer de modifier la perception des réfractaires?

Cette question, bien que peut-être difficile à entendre, est cruciale pour identifier les différents alliés et ainsi faciliter la communication du changement. En s’intéressant à la majorité silencieuse, on augmente le nombre de partisans et on réduit l’énergie nécessaire pour convaincre les sceptiques.

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Richard Rioux
À propos de Richard Rioux

Richard Rioux est psychosociologue et conseiller en ressources humaines agréé.

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