Le courage managérial n’est pas un don réservé à quelques personnes téméraires.
Ce n’est pas non plus un geste héroïque posé dans la solitude. Il s’enracine dans un contexte collectif où l’audace, la parole vraie et la prise de risque réfléchie deviennent possibles.
Depuis des décennies, les recherches en comportement organisationnel montrent que l’environnement détermine la capacité des individus à agir avec courage : sans soutien, même les leaders les plus braves hésitent à se prononcer1.
On imagine souvent le ou la gestionnaire comme une figure courageuse, mais solitaire qui ose nommer ce que d’autres taisent. Pourtant, le courage n’apparaît jamais isolément. Il dépend du climat de confiance, des normes d’équipe et du soutien offert par l’organisation. Lorsque l’environnement indique clairement que l’audace est bienvenue, le courage se manifeste; lorsqu’il suscite la crainte, il se tait.
Les recherches montrent également que les équipes où l’on peut poser des questions, reconnaître des erreurs ou exprimer des idées sans jugement sont plus performantes et apprennent plus vite1. Cette sécurité psychologique constitue la base même du courage managérial : elle transforme un acte perçu comme risqué en un comportement normal et partagé.
Pour que le courage devienne réellement collectif, les quatre conditions présentées ci-dessous doivent être réunies.
Le courage managérial ne se manifeste pas uniquement dans des prises de position spectaculaires. Il vit dans les petits gestes du quotidien : dire qu’une échéance est irréaliste, avouer que l’on ne connaît pas la réponse, demander de l’aide, reconnaître une erreur. Ces gestes montrent que dire la vérité est non seulement permis, mais utile.
Pour amplifier l’impact de ces gestes, l’équipe doit les remarquer et les nommer. Une phrase simple comme « Merci d’avoir mentionné ça » envoie un signal puissant : ici, l’ouverture est valorisée. Cette reconnaissance crée un effet d’entraînement qui encourage d’autres gestes d’audace.
Le courage ne s’improvise pas; il se cultive. Les équipes qui souhaitent en faire une pratique collective peuvent instaurer des rituels qui rendent l’audace tangible, par exemple :
Ces pratiques normalisent la vulnérabilité, encouragent la prise de risque réfléchie et rendent le courage managérial visible et partagé.
Rien n’érode plus vite le courage qu’un écart entre le discours et les pratiques. Dire que l’on valorise l’initiative tout en sanctionnant les erreurs décourage toute prise de risque.
Pour soutenir réellement le courage, une organisation doit :
Les cultures axées sur l’apprentissage renforcent la capacité des équipes à adopter des comportements courageux et améliorent la performance globale.
La culture, soit l’ensemble des valeurs, normes et pratiques qui structurent la vie de l’organisation, influence directement la manière dont le courage s’exprime. Une culture ouverte, transparente et orientée vers l’amélioration continue favorise la prise de risque constructive; une culture dominante fondée sur la conformité ou la peur de l’erreur l’étouffe3.
Le courage n’est pas qu’une qualité personnelle; il résulte d’une interaction entre une personne et son environnement social. Lorsque l’audace est perçue comme un risque individuel, tout le monde se protège. Lorsque l’environnement soutient explicitement l’ouverture, le courage devient un mouvement collectif : il circule, inspire et crée un effet d’entraînement.
Les conditions qui permettent cette dynamique sont bien connues :
C’est l’alignement de ces facteurs qui transforme le courage managérial en une pratique durable et féconde.
Le courage managérial n’est pas une affaire de personnalité. Il est le reflet d’un environnement qui soutient la franchise, la prise de risque réfléchie et l’audace constructive.
En réunissant les bonnes conditions, une organisation ne se contente pas de former des leaders courageux; elle crée un environnement où chacun peut contribuer avec sincérité, intelligence et engagement, un environnement où le courage n’est plus l’exception, mais une pratique vivante et collective.
1Edmondson, A. C. (1999). Psychological safety and learning behavior in work teams. Administrative Science Quarterly.
2Jackson, S. (2025). Managers aren’t feeling so hot right now. It’s costing them their sanity and the global economy billions. Business Insider.
3Sebastian, S., for Forbes Coaches Council. (2023). Are your employees avoiding difficult conversations? Here’s how to turn them into productive discussions. Forbes.
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