Le leadership moderne est une ode à la bienveillance : écouter, encourager, accompagner… Ces postures inspirent et rassurent. Mais la bienveillance suffit-elle pour guider les équipes vers l’excellence?
Pourquoi observe-t-on, chez des gestionnaires, une réticence à endosser ce rôle d’autorité souvent associé à un frein à l’épanouissement collectif? Parfois, la simple évocation du mot « autorité » fait hausser les sourcils, comme si c’était synonyme de contrainte ou d’oppression. Faut-il vraiment tourner la page, ou faut-il plutôt repenser ce pouvoir au service du bien commun?
Dans le passé, l’autorité rimait avec contrôle, verticalité et parfois même dénigrement. Ce modèle, qui survit malheureusement encore dans certaines organisations, génère souvent plus d’appréhension que d’inspiration. La peur, le désengagement et une belle résistance au changement y prospèrent.
Et si l’on en croit le Global Leadership Forecast 2025 de DDI¹, la confiance envers les gestionnaires a plongé de 46 % à 29 % depuis 2022. Inquiétant, non? Autrement dit, même les bons vieux commandements du genre « Faut que ça roule! » ne font plus recette.
Warren Buffett l’a bien dit : « La confiance est comme l’air que nous respirons. Lorsqu’elle est présente, personne ne le remarque vraiment. Mais quand elle est absente, tout le monde le ressent. »
À l’opposé, certains gestionnaires, craignant de froisser ou de perdre leur aura, évitent désormais tout geste d’autorité. Les équipes se débrouillent, naviguent sans cadre, parfois au gré des envies et de la météo, et deviennent expertes en « meetings sans lendemain »!
Vouloir favoriser l’autonomie, c’est noble. Mais l’absence totale de repères finit en confusion et en perte de temps et d’énergie.
L’autorité n’est pas en exil. Elle s’est métamorphosée!
Aujourd’hui, les leaders qui rassemblent leurs équipes, écoutent les préoccupations, clarifient les objectifs et encouragent les idées, mais qui tranchent quand il le faut démontrent l’autorité authentique, celle qui inspire et protège.
Exemple typique : lors d’une réunion où tout le monde tire la couverte de son côté, le gestionnaire glisse avec humour : « On va garder la discussion ouverte, mais promis, on ne finira pas ça avec un débat sur “qui fait la vaisselle”! » Le résultat, chacun sait qu’il y aura une décision, sans avoir peur d’y laisser son tablier… ni d’y passer la soirée!
Les modèles de leadership transformationnel, éthique et situationnel montrent à quel point l’autorité peut varier selon le contexte et les attentes : la flexibilité devient alors essentielle.
La hiérarchie s’exprime différemment selon les âges : les baby-boomers et la génération X gardent le respect des titres, tandis que les plus jeunes challengeront leur gestionnaire sans gêne. Le ou la leader-coach doit jongler, rassurer les anciens, responsabiliser les nouveaux et, parfois, rétablir le calme après une avalanche de gifs animés dans le clavardage d’équipe!
En période d’incertitude, la capacité des leaders à poser un cadre, à dire « voici la voie, suivez-moi », rassure, mobilise et devient repère indispensable. Certains experts le rappellent : la légitimité ne tient pas qu’à la structure, mais grandit avec la compétence et l’exemplarité.
Exemple vécu : lors d’une fusion d’équipe, les leaders nomment les craintes, proposent un chemin et s’engagent à « garder la porte ouverte pour parler vrai » – c’est de l’autorité moderne, confiante et humaine.
Transformer la culture, c’est clarifier la valeur de l’autorité : elle structure, aligne et soutient. Rendre les règles transparentes, impliquer les collaborateurs et collaboratrices dans leur élaboration, ça crée une autorité vécue comme soutien, non comme contrainte.
Cette transformation s’appuie sur le développement de compétences clés comme la communication assertive et l’influence constructive. Les leaders qui maîtrisent l’art d’orienter et de mobiliser avec discernement et bienveillance contribueront à façonner un climat où la reconnaissance des succès collectifs devient naturelle et stimulante.
L’autorité n’a pas disparu : elle s’est réinventée. Ni contrôle ni rigidité, mais guidance, protection et inspiration. Le défi des leaders modernes? Trouver le juste équilibre entre fermeté et bienveillance, entre traditions et aspirations nouvelles. En période de changement, une autorité bien exercée devient ce moteur qui propulse la cohésion et la mobilisation vers un cap commun. Et si, parfois, ça passe par un trait d’humour, tant mieux!
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